PUBLICATIONS MÉDICALES RÉCENTES

L'AFRH vous propose dans cette section une série d'articles et de publication médicales sur l'Hidrosadénite Suppurée.
Ces articles sont parmi les plus récents à avoir été publiés.

Efficacité d’une antibiothérapie ciblée après échec d’une biothérapie chez 43 patients atteints d’hidradénite suppurée
Auteur.e.s:

MaïaDelage (
1)
CatherinePierre-Audigier (1 )
KaoutharJidar1
Paul-HenriConsigny(1)
OlivierJoin-Lambert (2)
Aude S.Nassif (1)

1

1 Centre Médical de l’Institut Pasteur, Institut Pasteur, Paris
2 Laboratoire de Microbiologie, CHU de Caen, Caen, France

19 November 2021.

Introduction


L’hidradénite suppurée (HS) de stade modéré à sévère peut être traitée par biothérapie (BT) après échec d’une antibiothérapie (ATB) de première ligne. Certains patients suivis pour HS ont également une maladie inflammatoire (MI) concomitante traitée par BT. Nous avons étudié rétrospectivement l’évolution sous ATB ciblée des patients adressés au Centre Médical de l’Institut Pasteur (CMIP) pour HS active, après échec d’une BT entre 2011 et 2021.

Matériel et méthodes


Nous avons rétrospectivement étudié l’évolution clinique à 3, 6 et 12 mois des patients adressés au CMIP pour HS active après échec d’une BT prescrite pour l’HS ou pour une MI associée. Seuls les patients sous BT potentiellement active sur l’HS étaient inclus (adalimumab, infliximab, anakinra ou ustékinumab) et pour lesquels un suivi d’au moins 6 mois était disponible. Tous les patients ont reçu une ATB ciblée, adaptée à leur stade de Hurley, basée sur la combinaison rifampicine + moxifloxacine + métronidazole, précédée par ceftriaxone + métronidazole ou ertapénème pour les patients de stade 2 et 3 de Hurley respectivement. Une antibioprophylaxie par cotrimoxazole était introduite après rémission. La réponse thérapeutique était estimée comme rémission complète (aucune lésion inflammatoire), amélioration (régression d’au moins 50 % du nombre de lésions inflammatoires), échec (absence de rémission/amélioration) ou rechute (réapparition de lésion(s) inflammatoire(s) après rémission). Si deux rechutes survenaient dans la même zone, l’exérèse chirurgicale en était proposée au patient.

Résultats


43 patients étaient évaluables à 3 et 6 mois et 37 à un an (6 sont en cours de suivi). 81 % des patients étaient en stade 2 ou 3 de Hurley à l’inclusion. A 3 mois, on notait une évolution favorable chez 86 % des patients (53 % en rémission et 33 % améliorés) ; à 6 mois, 74 % (35 et 39 % respectivement) ; à un an, 68 % (35 et 32 % respectivement). L’évolution des patients ayant poursuivi leur BT (49 %) n’était pas meilleure que celle des patients qui l’avaient arrêtée (p = 0,4, 0,7 et 1 à 3, 6 et 12 mois respectivement). Le taux de rechute était de 26 et 30 % à 6 et 12 mois, respectivement. A un an, 8 patients sur 37 (22 %) ont eu une exérèse d’un à deux sites lésionnels rechutant.

Discussion


L’ATB ciblée peut améliorer les patients ayant une HS active en échec de BT. La BT peut être poursuivie, en particulier si elle a été introduite pour traiter une MI associée, sans que l’efficacité de l’ATB ciblée ne soit modifiée. Les limites de cette étude sont le faible nombre de patients, l’analyse rétrospective et l’hétérogénéité des patients et de leurs traitements.

Conclusions


Ces données suggèrent qu’une stratégie thérapeutique par ATB ciblée est utile chez les patients atteints d’HS en échec ou insuffisamment améliorés par BT. Une prise en charge chirurgicale complémentaire pourra être proposée en cas de rechutes dans une zone.

Source :
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2667062321007716?via%3Dihub

Le sentiment de stigmatisation chez les patients atteints de maladie de Verneuil
Auteur.e :

PhilippeGuillem (
1,2,3,4)
VirginieVlaeminck-Guillem (5,6)

1 Clinique du Val d’Ouest, Lyon
2 RésoVerneuil
3 Groupe de recherche en proctologie, Société nationale française de ColoProctologie, Paris, France
4 European Hidradenitis Suppurativa Foundation, Dessau, Allemagne
5 Service de biochimie biologie moléculaire Sud, centre hospitalier Lyon-Sud, hospices civils de Lyon
6 Centre de recherche en cancérologie de Lyon, Inserm 1052 CNRS UMR5286, centre-Léon Berard, université Claude Bernard Lyon 1, Lyon, France

19 November 2021.


Introduction


De par sa récurrence, son imprévisibilité, la nature et les localisations de ses lésions, l’hidradénite suppurée (HS, Maladie de Verneuil) impacte fortement le quotidien des patients, tant physiquement que psychologiquement. Douloureuses, les lésions de la maladie ont aussi un retentissement du fait de leur aspect (nodules inflammatoires parfois multiples ou étendus ; écoulements purulents) et de leur odeur. Enfin, la méconnaissance de la maladie par les soignants s’accompagne souvent de remarques et de conseils désobligeants portant par exemple sur l’hygiène corporelle ou le surpoids. Un sentiment de stigmatisation est donc probable chez les patients atteints mais n’a été que peu étudié.

Matériel et méthodes


Un total de 127 patients consécutifs suivis pour une HS ont été prospectivement invités à remplir des questionnaires sur la douleur (échelle visuelle analogique), la qualité de vie (DLQI) et l’alexithymie (Toronto Alexithymia Scale – TAS – qui évalue donc la difficulté qu’ont les patients à exprimer les sentiments. Le sentiment de stigmatisation a été évalué par deux scores : le 6-item Stigmatization Scale (6-ISS) et une version adaptée du 33-Item Feelings of Stigmatization Questionnaire, initialement développé pour le psoriasis (33-IFSQ). Les groupes de patients (avec ou sans sentiment de stigmatisation) ont été comparés par les tests de Mann-Whitney (variables continues), et Chi2 ou Fisher (proportions).

Résultats


Jusqu’à 86% des patients se sentaient stigmatisés (score 6-ISS ≥ 6). Le score 6-ISS était significativement corrélé au 33-IFSQ. Les deux scores étaient fortement corrélés au DLQI et à l’alexithymie. Le sentiment de stigmatisation n’était pas associé à la douleur aiguë des poussées mais plutôt à la douleur chronique quotidienne. En dehors du tabac (associé à la stigmatisation), aucune corrélation n’a été observée avec les caractéristiques de base des patients (âge, sexe, histoire familiale) ou de la maladie (âge de survenue, durée d’évolution de la maladie, délai diagnostique). Aucune corrélation n’a été observée avec les sites atteints. Aucun des deux 2 scores n’était associé au score de Hurley mais le score 6-ISS était corrélé à la sévérité de la maladie en termes de score IHS4 ou du nombre de sites atteints (régression, p = 0,013 et p = 0,011, respectivement).

Discussion


Cette étude suggère fortement que les mécanismes qui sous-tendent le sentiment de stigmatisation sont complexes. Certains de ces mécanismes semblent cependant accessibles à une approche multidisciplinaire incluant une dimension psychologique et devraient être pris en compte dans le processus de décision thérapeutique et l’évaluation de son efficacité.

Source :
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2667062321007546

La localisation de la première lésion d’hidradénite suppurée suggère les facteurs physiopathologiques en jeu et prédit l’évolution de la maladie
Auteur.e.s :

AxelVillani (
1,2,3)
FaridaBenhadou (3,4,5)
PhilippeGuillem (3,5,6,7)

1

1 Dermatologie, hôpital Edouard-Herriot, hospices civils de Lyon, université Claude Bernard Lyon 1, Lyon
2 Groupe HS France, Société française de dermatologie, Paris, France
3 European Hidradenitis Suppurativa Foundation, Dessau, Allemagne
4 Dermatologie, hôpital Erasme, université libre de Bruxelles, Bruxelles, Belgique
5 RésoVerneuil, Paris
6 Clinique du Val d’Ouest, Lyon
7 Groupe de recherche en proctologie, Société nationale française de ColoProctologie, Paris, France

19 November 2021.

Introduction


Plusieurs études ont tenté, dans l’hidradénite suppurée (HS), d’établir des corrélations entre certaines caractéristiques cliniques et des mécanismes physiopathologiques ou un pronostic évolutif. Leurs résultats sont probablement biaisés car ces cohortes, hétérogènes, incluent des patients nouvellement atteints et des patients dont la maladie évolue parfois depuis de nombreuses années. Peu de données existent sur l’analyse de telles corrélations à partir des premiers symptômes de la maladie.

Matériel et méthodes


Cette étude monocentrique a inclus 1653 patients pour lesquels le 1er site atteint était connu. Des analyses par régression logistique multivariée ont été réalisées site par site pour identifier les caractéristiques cliniques spécifiquement associées.

Résultats


Le sexe, l’IMC, l’âge de début et le tabac sont apparus comme des prédicteurs indépendants de la localisation de la 1re lésion d’HS. Ni l’histoire familiale d’HS ni l’existence d’un état inflammatoire latent n’étaient prédicteurs. La localisation de la 1re lésion ne prédisait pas l’importance de la détérioration de la qualité de vie (DLQI, douleur) ni le délai diagnostique. Elle était en revanche significativement corrélée aux autres localisations secondairement intéressées par la maladie. Par exemple, lorsque la 1re localisation était la face interne de cuisse, le risque de développer une lésion inguinale ou interfessière était réduit alors qu’il était augmenté pour les futures localisations mammaires (p ≤ 0,011). De la même façon, une 1re localisation interfessière était prédictive d’un risque accru de lésions ano-génitales. La sévérité de la maladie était également impactée par la localisation de la 1re lésion : le risque de développer des fistules (passer d’un stade I à un stade II ou III de Hurley) était augmenté quand la 1re lésion était axillaire ou interfessière et réduit pour les régions inguinales et anales. Le risque de développer un stade III était augmenté quand la 1re lésion était interfessière et diminué pour les premières lesions des plis inguinaux ou des faces internes de cuisse. Des corrélations significatives ont été identifiées entre la localisation de la 1re lésion et le nombre de sites secondairement atteints.

Discussion


Nos résultats suggèrent que certaines localisations initiales d’HS sont spécifiquement associées à des caractéristiques endogènes (sexe, IMC, âge de survenue) ou exogènes (tabac) du patient soulignant que la façon dont la maladie démarre est liée à la prédominance de certains facteurs physiopathologiques par rapport à d’autres. En miroir, certaines premières localisations sont alors prédictives du cours évolutif de la maladie en étant associées ou non à la localisation, le nombre et la sévérité des lésions à venir. Il reste à déterminer si des choix thérapeutiques peuvent alors être basés sur ces constatations.

Source :
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2667062321007558

Hidradénite suppurée : évaluation des pratiques des dermatologues à la suite de la publication des recommandations françaises
Auteur.e.s :

Antoine Fottorino (
1)
ConstanceProuteau (2)
ChristelleBalland (3)
AxelVillani (4)
SébastienBuche (5)
ClaireHotz (6)
MaïaDelage (7)
OlivierCogrel (8)
AudeNassif (7)
NicoleJouan (9)
Marie-AlethRichard (1)
Groupe thématique HS France de la SFD

1

1 Service de dermatologie, Hôpital de la Timone, Marseille
2 Service de dermatologie, CHU d’Angers, Angers
3 Service de dermatologie, CHRU de Rennes, Rennes
4 Service de dermatologie, Hôpital Edouard Herriot, Lyon
5 Service de dermatologie, Hôpital Huriez, Lille
6 Service de dermatologie, Hôpital Henri Mondor
7 Centre médical, Institut Pasteur, Paris
8 Service de dermatologie, Hôpital Saint André, Bordeaux
9 Cabinet de dermatologie, Brest, France

19 November 2021.

Introduction


L’hidradénite suppurée (HS) est une dermatose inflammatoire chronique, dont le degré de gravité varie selon les patients et la durée d’évolution de la maladie. Elle est réputée avoir un fort impact sur la qualité de vie des patients. Le nombre d’études évaluant les traitements disponibles reste limité, et leur qualité méthodologique discutable. C’est dans ce contexte que la Société française de dermatologie, via son Centre de Preuve, a émis en 2019 les premières recommandations françaises de prise en charge de l’HS. Cette étude avait pour objectif d’évaluer les pratiques de prescription des dermatologues français suite à la publication de ces recommandations.

Matériel et méthodes (ou observation(s) si cas clinique(s))


L’ensemble des dermatologues inscrits à la Société Française de Dermatologie (SFD) et/ou à la Fédération Française de Formation Continue et d’Evaluation en Dermatologie-Vénérologie (FFFCEDV) ont été contactés par mail du 19 mai au 9 juin 2021 afin de répondre à 3 cas cliniques illustrant les 3 stades de sévérité de l’HS selon le score de Hurley (I, II et III), rédigés par un panel d’experts issus du groupe thématique « HS France » de la SFD. Les praticiens devaient répondre à des séries de questions portant sur la gradation de la sévérité de la maladie, sur le traitement d’attaque des poussées, sur le traitement d’entretien, sur le traitement chirurgical, et sur les traitements adjuvants possibles. Une note sur 100 était attribuée à chaque répondeur, sur la base de réponses issues des recommandations.

Résultats (si adapté)


Un total de 120 dermatologues a répondu au questionnaire ; 88 % (n = 106) d’entre eux avaient pris connaissance des recommandations au préalable. Les répondeurs étaient majoritairement des femmes (80 %), avec un exercice libéral (52,5 %). Les différentes tranches d’âge étaient représentées de manières similaires (33 % pour les moins de 35 ans, 31 % pour les 35–55 ans, 35 % pour les plus de 55 ans). Parmi les dermatologues ayant pris connaissance des recommandations, 88 % (n = 94) rapportaient s’y référer souvent, et 76 % (n = 81) affirmaient que ces recommandations avaient influencé leur pratique. Les notes du groupe de dermatologues ayant lu les recommandations étaient supérieures à celles du groupe ne les ayant pas lu (59,8/100 contre 52,7/100, p = 0,00472, test de Student).

Discussion


Nos résultats suggèrent une adhésion aux recommandations avec des pratiques de prescription proches des stratégies proposées par les recommandations. Cette étude a des limites : résultats reflétant des intentions et non de véritables prescriptions, probable biais de recrutement (les sujets ayant répondu étant possiblement les plus concernés par le formation continue). Ce travail confirme la nécessité et l’importance de proposer des recommandations aux dermatologues pour les aider dans leurs pratiques.

Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2667062321007819#!

Relation dose-réponse entre le tabac et la sévérité de l’hidradénite suppurée
Auteur.e.s :

AxelVillani (
1)
LéaDonzier (1)
PhilippeGuillem (2)

1

1 CHU Lyon
2 Chirurgie viscérale, Clinique du Val d’Ouest, Lyon, France

19 November 2021.

Introduction


Le tabagisme est considéré comme un des principaux facteurs de risque de l’hidradénite suppurée (HS) essentiellement parce qu’il est rapporté chez une majorité des patients (80 %). Néanmoins, on ne sait pas à quel point le tabagisme influence le développement de l’HS.

Matériel et méthodes


Afin de mieux comprendre l’influence du tabagisme sur le développement et la sévérité de l’HS, nous avons mené une étude de cohorte prospective de janvier 2006 à décembre 2020 dans un centre en France.

Résultats


1724 patients consécutifs atteints d’HS ont été enrôlés dans cette étude. Les patients atteints d’HS ont été déclarés comme fumeurs actifs, anciens fumeurs et non-fumeurs, avec des prévalences de 71 %, 10,7 % et 18,3 % respectivement. Les symptômes de l’HS ont commencé après le début du tabagisme chez 69 % des patients (811/1173), avec un délai moyen de 8 ± 7 ans. Nous avons observé une corrélation positive entre l’âge moyen au début du tabagisme et l’âge moyen d’apparition de l’HS (coef. de Spearman = 0,4 ; p < 0,001). Le score moyen du Dermatology Life Quality Index (DLQI) était de 14,3 ± 7,0 chez les fumeurs actifs contre 12,6 ± 6,8 chez les non-fumeurs et les anciens fumeurs (p < 0,001). L’EVA maximum moyen pendant les poussées d’HS était de 7,8 ± 2,0 chez les fumeurs actifs contre 7,4 ± 2,2 chez les non-fumeurs et les anciens fumeurs (p = 0,003). Le nombre moyen de zones impliquées était supérieur à 5 chez 32 % des fumeurs actifs contre seulement 27 % chez les non ou anciens fumeurs (p < 0,05). Chez les fumeurs actifs, la consommation de tabac était plus importante chez les patients du stade III de Hurley (19 ± 18 paquets-année) par rapport au stade II de Hurley (14 ± 13) et au stade I de Hurley (13 ± 12) (p < 0,001, ANOVA). Nous avons observé une corrélation positive entre les paquets-années de tabagisme et le nombre de zones impliquées dans l’HS (p < 0,001). Enfin, dans notre cohorte, plus le tabagisme était précoce, plus les premiers symptômes de l’HS étaient précoces (coef. de Spearman = 0,4 ; p < 0,001).

Discussion


L’ensemble de nos données renforce l’impact négatif du tabac sur la progression de l’HS : fumer tôt est corrélé à un développement plus précoce de l’HS et l’intensité du tabagisme est associée à une maladie plus sévère (Hurley stade III, DLQI augmenté, nombre plus élevé de zones atteintes, poussées plus douloureuses). Le tabagisme doit être systématiquement dépisté chez les patients atteints d’HS et s’il est présent, il faut proposer aux patients d’en discuter spécifiquement avec un addictologue.

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